On connaissait la langue de bois, l'insupportable péché mignon de l'homo politicus (de droite comme de gauche), qui consiste à répondre à une question en en posant une autre (spécialité sarkozyste), à temporiser pour avoir le temps de réfléchir à l'abyssale connerie qu'on va sortir (le fameux "C’est une bonne question et je vous remercie de l'avoir posée" de Giscard) ou à carrément botter en touche. Henri Guaino, conseiller (vraiment très) spécial du président Je suis partout, n'a pas de ces scrupules. Invité ce matin de Nicolas Demorand sur France Inter, il a passé son temps à dire, entre deux raclements de gorge (toutes les 7 secondes, ce qui insupporte Carla Bruni, et on la comprend, qui refuse pour cette raison de partager sa table): "Je ne répondrai pas à cette question." Il est vrai que les questions demandaient des éléments de réflexion pas forcément en possession de celui que François Fillon (qui le déteste) a surnommé "le Danube asséché de la pensée élyséenne".
A la question (retorse) d'un auditeur: "Quelle est le conseil le plus judicieux que vous ayiez donné au président?", Guaino est à deux doigts de perdre son sang-froid (il ne répond pas plus quand Demorand lui repose la question d'un ton narquois). A la question (subsidiaire) du même Demorand: "Le Canard enchaîné prétend que vous gagnez 300.000 euros par an, pouvez-vous nous confirmer?", Henri Guaino (l'inventeur de la fracture sociale, de "l'homme africain non entré dans l'histoire", de la "politique de civilisation", de la récupération de Guy Môquet, Jaurés et Albert Camus et autres joyeusetés indispensables à la bonne marche de notre société) répond: "J'en ai assez de ce système totalitaire, on n'est pas en Chine!"
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